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Les oppositions aux vaccinations dans l’Histoire


La campagne de vaccination pour protéger les populations du Sars-CoV-2 a suscité chez certains une défiance, voire une opposition farouche qui se traduit par un refus du geste vaccinal et parfois par des manifestations. L’opposition à la vaccination est aussi vieille que la vaccination, et les arguments pour la refuser sont récurrents.

La première maladie combattue par une inoculation préventive est la variole. Cette maladie fait des ravages depuis l’Antiquité dans toutes les sphères de la société. Au XVIIIe siècle, un procédé empirique, connu en Orient, est importé en Occident. Il s’agit, par une scarification sur un sujet sain, de transmettre le pus des vésicules d’un sujet malade : c’est la variolisation. La réussite du procédé dépend beaucoup de la technique pour atténuer la souche initiale et les échecs nourrissent la polémique.

Puis, le médecin Jenner découvre en 1796 qu’une maladie des vaches, la vaccine, inoculée à l’homme protège de la variole sans la dangerosité de la variolisation. Mais on accuse cette nouvelle technique de transmettre à l’homme des maladies jusqu’alors cantonnées aux animaux. On la suspecte de développer d’autres pathologies ou bien, en empêchant la mort des plus faibles, de conduire à une dégénérescence de l’espèce ! Ainsi, malgré les travaux de Pasteur et la découverte des maladies infectieuses, les controverses sont violentes et, dès 1880, « La Ligue internationale des antivaccinateurs » lutte par des congrès, écrits, pamphlets contre la vaccination.

Les thèses des antivaccinistes

Des arguments multiples et cycliques reviennent dans le rejet de la vaccination. Certains affirment que la maladie relève de la volonté divine et qu’il est sacrilège de la transgresser par des artifices humains. Les différentes religions acceptent la vaccination, mais des minorités sectaires la refusent, aussi la poliomyélite reste-t-elle endémique dans certaines régions du Pakistan et de L’Inde. De même aux États-Unis, aux Pays-Bas, des communautés sont résolument antivax. Quand ce n’est pas la Providence divine qui est invoquée, c’est le respect de l’ordre naturel qui est mis en avant selon le principe rousseauiste que « Tout est bien sortant des mains de la nature » ! Ainsi, en France, des foyers épidémiques de rougeole mortifère ont pu ressurgir récemment dans des communautés qui opposent une vie naturelle à l’artificialité du vaccin. D’autres dénoncent le complot des laboratoires et leur appétit d’argent. Une autre thèse plus pernicieuse est l’argument pseudo-scientifique. Des médecins, par dévoiement de leurs connaissances, avancent des théories dangereuses : tel professeur arguant que « le lait maternel est le meilleur des vaccins ». Enfin, et c’est peut-être la thèse la plus répandue de nos jours, on oppose la décision de l’individu aux contraintes insupportables d’un État jugé liberticide.

Les échéances vaccinales en France

En France, la première loi sur l’obligation vaccinale date de 1902 et concerne la variole. Cette vaccination se répand dans le monde entier et la variole va refluer. En 1977, l’Organisation mondiale de la santé déclare cette maladie éradiquée. Tout au long du XXe siècle, des vaccinations contre les maladies les plus répandues, diphtérie et tuberculose, puis poliomyélite ont été imposées permettant d’endiguer les épidémies. Depuis 2018, en France, onze vaccins sont obligatoires les premières années de la vie. Ces vaccins protègent les bébés de maladies graves parfois mortelles. Pourtant, parmi les onze, figure la vaccination contre la rubéole qui, si elle est bénigne pour l’enfant, est hautement toxique pour les femmes enceintes.

Les décisions de chacun ont un impact sociétal, et le débat récurrent toujours actuel met en balance le désir d’autonomie de chacun et la protection de tous, le risque individuel en regard du bénéfice collectif.

Françoise Berniguet

En 1902, l’État rend obligatoire la vaccination contre la variole.
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